Let's get retarded [with.Percy]

«  Je vous dis le putain de rêve ! », explosait Joseph tout sautillant dans la salle de bain commune qu'il partageait avec plusieurs autres camarades de son étage. La main bien active sur sa brosse à dent et l'autre qui tenait fermement la serviette éponge autour de sa taille. «  Je vous dis ! J'étais beau, j'étais riche, j'avais une fille dans mon lit chaque soir, et pas les plus moches. » Ses camarade, qui alternaient leur passage entre les douches et les toilettes, levèrent tous les yeux au plafond. «  Il faut que tu arrêtes la picole, Atkinson ! C'est officiel ! », ricana l'un de ses potes qui lui assena une bonne tape dans le dos. Jef se contorsionna en attendant que la douleur s'estompe, c'était qu'il était tout frêle. Dans son rêve, tout lui semblait si réel, il était un homme de trente-ans vigoureux et qui semblait avoir passer de nombreuses heures dans les salles de musculation. Le garçon se regarda dans le miroir, alors que la salle de bain se vidait. Une main sur son ventre, c'est vrai que cela ne lui ferrait pas de mal de s'épaissir, pensa t-il. La main de Romuald qui se posa sur son épaule, le tira de sa rêverie. «  Bon, on compte toujours sur toi pour ce que tu sais ce soir ? », lui chuchota t-il. Le jeune homme acquiesça d'un signe de tête. Romuald lui sortit un petit sourire en coin, et avant de se retirer, il essaya de tirer violemment sur la serviette de son ami. Echec ! Joseph avait prévu le coup, et son pote se retira un peu déçu. L'étudiant en ingénierie pouffa de rire. «  Quoi, tu voulais la voir Romuald ? Il suffisait de demander ? », sonna le jeune homme qui ouvrit sa serviette et commença à s'agiter dans le couloir.

Toute l'après midi fut assez étrange, car cette vie universitaire c'était un rêve éveillé, il avait eu quatre heures de cours obligatoires et le reste le garçon savait qu'il saurait très bien se débrouiller seul. Non, il n'était pas épuisé par le travail, et avait passé l'après midi dans l'herbe à côté d'une belle rousse, une main sur ses seins et l'autre à faire tourner une cigarette maison. Il avait donc tout pour être heureux, mais comme dans son rêve, ce vent froid qui parcourait ses entrailles semblait ne pas l'avoir quitté. Car ce qu'il n'avait pas dit à ses camarades, c'est qu'il avait tout mais qu'il était un trentenaire, seul, en pleine dépression, et surtout en recherche de lui même. Du coup, dans l'herbe, il n'arrivait pas à trouver sa place se posant des millions de questions. Pourquoi quand il fermait les yeux, il pensait à Percy Breckenridge ? Heureusement que la fin journée tomba rapidement et Joseph alla aider pour préparer la fêtes de Bêta Lambda : une fête où il n'aurait qu'alcool, débauche, drogue et musique à fond. C'était oppressant pour Atksinon tout cela, car à chaque endroit où il posait les yeux, il avait cette sensation de déjà-vu, et cela le chamboulait. Ses potes qui l'avaient rejoints le remarquèrent et Romuald essaya de lui rendre le sourire. « Allez, viens ! J'ai une bonne surprise pour toi ! On va bien rire tout à l'heure. »

Jef ne semblait pas très convaincu, surtout si là haut lui attendait le pot de faux sang qu'il présageait. Gagné ! Il avait cette sensation d'avoir déjà fait cette blague, mais il plaça tout cela sur l'alcool qui pouvait boire dans les soirées. Il avait pas de raison pour tout cela soit déjà arrivé auparavant, hein ? Pensa t-il. Avec Romuald, ils s'installèrent au balcon et se préparaient à leur plan machiavélique. « Il y a toujours un ringard qui vient à ses soirées, et quand il s'apprête à ouvrir la porte, BAMM ! », sonna l'un de ses amis. S'il suivait son intention, il avait le souvenir que ce pot était tombé sur Amy, une petite blonde à lunette. Il secoua ses idées, se sentant de plus en plus mal à l'aise. Romuald remarqua sa gêne et essaya de prendre de ses nouvelles. La soirée avancée et il avait juste besoin d'un verre. L'étudiant s'apprêtait à les quitter quand un de ses amis lui sonna de revenir. « C'est pas ton Bilbon Sacquet là bas ? », il avait qu'une personne qu'il avait surnommé comme cela. « Oh! Si ! C'est lui ! Vous pensez à ce que je pense les mecs ? », demanda Romuald. Joseph s'approcha, c'était bien Percy, mais...un vent frais s'engouffra dans sa cache thoracique. Il n'était pas fou, si ce pot tombait sur son camarade, et non sur Amy, c'est qu'il avait imaginé tout cela. Ouf ! Un profond soupir de soulagement s'échappa de sa bouche.

Mais une fois la satisfaction, de ne pas finir à l'asile enfermé entre quatre murs, passée. Un sentiment de gêne s'installa. Il s'accroupit à côté de ses camarades qui avait préparé le pot pour qu'il se renverse dés que Percy passerait le seuil de la porte. Tout ses amis savaient la bataille qu'il menait contre Breckenridge. Ils se tournèrent vers moi avec leurs grands sourires. «  A toi l'honneur ! C'est toi qui l'aime pas ! » Joseph se gratta avec agitation sa nuque, pourquoi il hésitait ? Dans son rêve, un psy essayait de lui faire croire des choses. Non, il n'avait aucun problème avec sa sexualité. Non, il devait faire taire toutes ces voix. Quand son camarade fut juste en dessous, il poussa le pot avec énergie. Un flot de faux sang se déversa et s'étala sur tout le seuil. Ses potes profitèrent pour s'enfuir, mais Atkinson resta comme un idiot. De son balcon, on pouvait très bien le voir si on levait les yeux. Puis, il se réveilla et décida de rejoindre les autres dans la maison. Il se cacha dans un petit groupe entrain de siroter un verre. Mince ! Il avait du faux sang sur les mains, et s'essuya sans réfléchir sur son pantalon. «  Oh ! Non, il était neuf ! Et, en plus juste sur... », grogna t-il alors qu'il remarquait que la tache était vraiment mal placée. Il attrapa ensuite un verre pour faire comme tout le monde.

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« Let's get retarded ☂ Jef and Percy. »

« PERCYYYYY ! » La jeune femme qui criait son nom lui sauta dessus alors qu'il venait à peine d'arriver à l'université. Ce n'était pas dans ses habitudes qu'une aussi jolie fille l'interpelle ainsi dès le matin. Elle se posa devant lui, les mains sur la taille, comme si elle s'apprêtait à le réprimander. Comme ça, les sourcils froncés, elle prenait facilement quelques années. Et lui perdait le peu de confiance qu'il avait en lui et se faisait tout petit devant cette fille qui semblait mécontente. Isold était une fille qu'il pouvait considérer comme une « bonne amie » alors il se demandait bien ce qu'il avait bien pu faire pour qu'elle lui cherche des poux alors qu'il n'était que neuf heures du matin. Percy avait de tout petits yeux, signe qu'il avait encore passé une bonne partie de sa nuit à jouer à world of warcraft. Pourtant, le jeune homme s'était promis d'arrêter d'y jouer, ou du moins de moins y jouer. Mais c'était peine perdue, ce jeu était une vraie drogue. Alors, comme toujours, il avait tenté d'atteindre un niveau de plus, puis encore un de plus, avant de s'écrouler de fatigue sur son ordinateur. « Je t'ai envoyé trois messages hier soir. » « Ah. Euh. J'ai plus de batterie, je crois. » Percy ne sait pas mentir, il est le pire acteur du monde et ferait mieux d'arrêter de raconter ce genre de bobard. « J'ai reçu les accusés de réception, Percy. » Le jeune homme se passe une main dans les cheveux en faisant une légère moue du style « si tu le dis », tout en évitant de croiser le regard de la brunette. « J'imagine que tu les as lu, mais si jamais tu as oublié, il y a une fête chez les Beta Lambda ce soir. Et... Tu devrais venir, non ? » Percy fit comme s'il avait une illumination et leva le doigt en l'air : « Ah oui, je me souviens... Mais non. » Isold laissa tomber ses bras le long de son corps dans un désespoir que toute l'université avait pu ressentir. Percy pouvait lire sur le visage de son amie une expression qui disait « t'es vraiment un cas désespéré, mon pauvre Percy. ». Bien sûr, le jeune étudiant restait là, devant elle, avec un fin sourire forcé sur le visage. Une fête étudiante ? Et puis quoi encore ? Les rares où il s'était rendu avait été de véritables catastrophes. « Tu crains, Breckenridge. (blablabla) Et ta vie sociale ? (blablabla) Tu rencontreras personne comme ça. (blablabla) Je vais finir par dire à tout le monde que tu es gay, ça te libèrera peut-être. » Il leva les yeux au ciel, légèrement agacé maintenant. « Je vais te le répéter combien de fois ? Je ne suis pas gay. » « Prouve le moi ce soir, alors. » Percy la trouva machiavélique en cet instant. Puis, tout d'un coup, il se souvint de ses bonnes résolutions : sortir un peu plus, essayer de faire la fête, lâcher son ordinateur, devenir sociable. Il fit style de réfléchir pendant de longues secondes tandis qu'Isold le fixait avec un sourire sur les lèvres, sachant très bien qu'elle était proche de la victoire. « OK. Je passerais. » Isold leva les mains en l'air pendant quelques secondes, montrant ainsi sa joie d'avoir convaincu Percy Breckenridge de sortir de son trou. Cela relevait du miracle.

La journée de cours passa très lentement. Comme toujours. En plus, Percy avait la désagréable impression d'avoir déjà tout vécu une première fois. Ce qui était vrai d'ailleurs. Alors, vivre deux fois ces cours ennuyeux, c'était de la torture. Les algorithmes, le binaire, et compagnie, Percy connaissait tout ça sur le bout des doigts depuis l'âge de 10 ans. Si bien qu'assis dans cet amphithéâtre, il s'ennuyait à mourir. Il dessina, sans grande conviction, tenta de passer son temps en écoutant les voix monotones de ses professeurs et de compter le nombre de tics de langage qu'ils possédaient.

Enfin, l'après-midi arriva, et les cours optionnels avec. Percy décida de cesser la torture et de rentrer chez lui, malgré cet après-midi ensoleillée. Il aurait pu décider d'aller se promener ou de rendre visite à un ami, mais ce n'était tellement, tellement pas son genre. Alors le jeune homme se posta devant son ordinateur et soupira d'aise. Il tenta de jouer, mais son esprit vagabondait ailleurs. Impossible pour lui de se concentrer sur ses attaques. Il claqua l'écran de ordinateur portable et tourna sur sa chaise, un crayon dans la bouche. Cette soirée le tracassait, pour sûr. Il était près de dix-sept heures et Percy commençait à stresser. Pourquoi ? Parce que toutes les personnes qui ne le considérait comme un geek sans intérêt seraient là, prêtes à lui en faire voir des vertes et des pas mûres. C'était comme ça, les fêtes étudiantes. Lorsqu'un ou une « marginale » faisait son apparition, les railleries allaient bon train. Et Jef serait là aussi. Il serait sans doute fidèle au poste, comme à toutes les soirées, à se comporter comme le roi de la fête et se faire péter la panse avec des litres de bières avec une blonde peroxydée à son bras. Rien que cette pensée l'écœura.

L'heure d'aller à la fête sonna. Il enfila un tee-shirt plus sobre que ceux qu'il portait d'habitude et un pantalon moins négligé aussi. Il ne tenta même pas de brosser ses cheveux, ce qui était chose impossible car ses boucles étaient bien trop indisciplinées pour tenir en place. Enfin, Percy se rendit à la fête des Bêta Lambda, à reculons. Il aurait du donner rendez-vous à Isold, il se serait sans doute sentit moins seul. Là, son appréhension se lisait sur son visage. Lorsqu'il fut sur le pas de la porte, il eût à peine le temps de faire un pas en arrière, qu'un seau plein de faux sang tomba du toit. Le seau ne tomba pas sur sa tête, fort heureusement, mais éclaboussa son tee-shirt blanc et son pantalon noir d'une substance étrange et rouge. Percy leva les yeux, mais il se doutait bien le regard de qui il croiserait. Jef Atkinson. Celui-ci s'empressa de se cacher lorsqu'il fut pris en plein sur le fait. « En voilà un qui n'a pas changé... » Finalement, les vieilles rancœurs revenaient. Percy ne voulait pas revivre toutes ces humiliations, et cela commençait plutôt mal. Le jeune homme rentra tout de même dans la pièce, les gens s'écartant sur son chemin pour ne pas qu'il les salisse, et se moquant de lui par la même occasion. Il avait l'impression d'être dans le film Carrie et d'ailleurs, s'il le pouvait, il tuerait sans hésiter certains de ces moqueurs qui ne servaient à rien au monde à part pour l'enlaidir. Rapidement, Percy retrouva la trace d'Atkinson qui lui faisait dos. Il tapota sur son épaule et avant même qu'il n'ait pu répondre, il lança d'une voix plus froide que d'habitude : « C'est comestible ? Du Ketchup peut-être ? Parce que ça tombe bien, je n'ai pas encore mangé. » Enfin, le dit Jef se retourna vers lui. Percy ne lui laissa pas le temps de rétorquer quelque chose, il continua avec le même ton : « Si encore ta blague était drôle... Là, tu ne m'inspires que de la pitié. » Arrondir les angles ? Ce n'était pas pour ce soir apparemment. Encore une fois, Jef avait réussi à faire sortir Percy de ses gonds.

Joseph alla se cacher dans un groupe, c'est tout ce qu'il pouvait faire. Dans sa tête tonnait déjà, mais pourquoi il se comportant comme un tel idiot ? Et, en même temps pourquoi se sentir coupable ? Tout cela à cause d'un rêve stupide, et de plus si ce pot n'était pas tombé sur Percy, il serait tombé sur quelqu'un d'autre. Mais, c'était bien cela le soucis, pourquoi lui ? Pourquoi s'acharner comme cela ? Il attrapa un verre qu'il vola dans les mains d'une jeune fille et l'étudiant s'incrusta dans une conversation bien menée. «  Je suis d'accord avec vous, complétement ! », coupa Jef tout en portant son gobelet en plastique rouge à ses lèvres. Beurk ! Il savait pas ce qu'il avait dedans mais c'était dégoutant. Il rendit le verre à sa voisine qui le dévisageait avec intensité. Dans son rêve, ce psy qui se présentait être le sien semblait avoir la réponse. Il aurait des sentiments sous-jacent qu'il n'arriverait pas à exprimer. Lui, gay ? Jamais de la vie, avec les filles cela marchaient très bien, ou pas ! Cela dépendait d'où on se plaçait bien sûr, ses histoires ne durant que quelques jours, mais il ne se voyait pas avec un mec.

Il lui fallait quelque chose de plus fort, il chercha autour de lui et vola un nouveau un gobelet, tout en essayant de trouver une petite place bien agréable à l'abri des regards indiscrets, et surtout de Percy s'il décidait de venir à sa rencontre. Non, les mecs c'étaient pas possible dans son esprit, c'était glauque à penser pour l'ingénieur, mais il se voyait pas nu avec un autre homme. Et comment dire...Pour le sexe ! Rien que de penser à tout cela, fit défiler des images en 3D devant les yeux de notre bambi. Il frissonna en portant sa nouvelle boisson à ses lèvres. C'était déjà mieux, plutôt fort mais cela ressemblait moins à la bière bas prix de tout à l'heure. Il avait du carburant pour lui donner du tonus et de l'éloquence. Et, le garçon allait en avoir besoin, quand il sentit une tape sur son épaule. Il n'avait pas besoin de se retourner, il savait déjà qu'il allait affronter. D'un côté on balance pas un pot de faux sang sans avoir un retour de bâton. Il tenta de garder son sourire face à ses autres camarades alors que dans son dos : « C'est comestible ? Du Ketchup peut-être ? Parce que ça tombe bien, je n'ai pas encore mangé. »

Jef se retourna avec son plus beau sourire, vêtu d'une chemise à carreaux où les trois premiers boutons étaient ouverts. Oui, il fallait laisser respirer la bête. Mais il portait aussi un jeans, taché maintenant, et des simples basquettes blanches. Non, l'étudiant ne devait pas montrer qu'il se sentait gêner et que les seuls mots qu'il voulait prononcer à présent, c'était Pardon ! C'était pas son genre, c'était pas lui, et les regards des filles, comme des garçons attendaient une réplique bien cinglante. Il était le joyeux luron qui ne laissait faire par personne. Pourquoi tout vouloir remettre en cause pour un rêve ? « Si encore ta blague était drôle... Là, tu ne m'inspires que de la pitié. » . Joseph haussa les épaules comme si tout cela ne le touchait pas. Il passa une main des cheveux coiffés vers le haut avec d'un gel bien efficace. Peut-être pour se donner du temps et savoir comment réagir. Cependant, l'attente des gens autour d'eux commença à le paniquer et les si bonnes résolutions s'envolèrent. Il montra donc d'abord les taches qui avait éclaboussé le tee-shirt de Breckenridge : «  Je ne sais pas, met en bouche et avales ! C'est pas ce que vous les gay vous savez le mieux faire ? »

Le garçon leva sa main dans le vide, attendant qu'une personne lui tape dans la main mais personne n'arriva. Il redescendit celle-ci qu'il cacha derrière son dos. Qu'est-ce qu'il se trouvait stupide ? Pourtant, il faisait rire, les filles et les garçons autour d'eux se mirent à rire devant ses mimiques de petit singe. Il lui inspirait que de la pitié...Pourquoi cette phrase lui faisait mal ? Cela devait être son égo ! Oui, c'était cela, on venait de blesser son amour propre. Mais pour qui il se prenait Breckenridge ? Et, qu'est ce qu'il lui trouvait au final ? Il se rapprocha de lui, ce feu toujours plus intense dans sa poitrine, suivant les quelques pas de recul de son camarade. Non, il le laisserait pas s'enfuir. Il prit une toute petite voix de circonstance : «  Ah ouais ? Comme c'est dommage...Je pensais que nous deux, ce soir...On pourrait tu vois... »

Puis le garçon reprit son grand sourire et s'avança pour pousser violemment en arrière Percy. «  Mais j'oublie à chaque fois, je suis pas gay moi ! » . Tout le monde explosa de rire, Joseph aurait du être content de sa performance, mais au fond de lui, il se sentait comme la dernière des sous-merdes. Il vit Romuald revenir à la charge pour le féliciter et leva sa main mais Atkinson l'évita. Tout ce qu'il voulait c'était se retrouver seul un moment. Il entra dans la première pièce qui se présenta à lui. La salle de bain ? Pourquoi pas, il avait toujours ce jeans et ses mains à nettoyer.

Ce sentiment d'humiliation le poursuivait. Percy n'avait jamais eu l'occasion d'être considéré comme quelqu'un de cool ou même tout simplement comme quelqu'un de normal. Aux yeux de ses pairs, il n'était qu'un geek insignifiant qui ne valait pas mieux que leurs remarques acérées et leurs blagues douteuses. Lorsqu'il était plus jeune, au collège, il avait écouté les conseils de sa mère qui à base de : « Ils sont jaloux, Perceval. » réussissait à le rassurer. Jaloux ? De quoi ? De son teint pâle et de ses cheveux indisciplinés ? Certainement pas. Alors, lorsqu'il avait atteint le lycée, puis l'université, il avait compris que les gens n'étaient pas jaloux, c'était juste lui, qui n'était vraiment, mais vraiment pas normal. Ah, et aussi les gens qui étaient cons et immatures. Avec les années, Percy avait su apprendre à passer au dessus de tout ça. A vivre avec les remarques et les blagues. A se forger une carapace. A ne pas les écouter et continuer son chemin. Si bien que les remarques, les blagues, les petits coups bas de ses camarades de fac ne l'atteignaient plus. Du moins, c'est ce qu'il laissait paraître. Il n'y avait qu'une seule personne qui arrivait encore à le blesser, c'était bien Atkinson. A chaque fois qu'il croisait son chemin, à chaque fois qu'il croisait son regard, le jeune Breckenridge se sentait soudain déstabilisé. Déstabilisé par la personnalité plus qu'agaçante de Jef. En tout cas, c'était ce dont essayait de se persuader Percy. Au fond de lui, il savait bien que c'était un peu plus sérieux qu'un simple agacement. En réalité, à chaque fois qu'il voyait Jef, Percy avait un drôle de sentiment au creux de son estomac, comme si celui-ci se tordait. Ce n'était pas de la peur, c'était juste indescriptible.

Face à Jef Atkinson, Percy se sentait drôlement petit. Il avait entendu dire que lui et ses copains le surnommait Bilbon Sacquet et pour une fois, il avait trouvé ça drôle et intelligent si bien qu'il avait été incapable de leur en tenir rigueur. Breckenridge tentait d'avoir l'air le plus énervé possible, mais en réalité, maintenant qu'il avait croisé le regard arrogant d'Atkinson, Percy ressentait en lui comme une attirance inavouable. Breckenridge avait toujours su qu'il était autant attiré par les hommes que par les filles. Bien sûr, il ne l'avait jamais avoué à personne et s'était toujours terré dans le silence. Alors, quand bon nombre de remarques concernait sa sexualité, il se sentait souvent démuni et ne savait que répondre. D'ailleurs, Jef était le meilleur en ce qui concernait les remarques sur son orientation sexuelle. C'en était aussi étonnant que déstabilisant. « Je ne sais pas, met en bouche et avales ! C'est pas ce que vous les gay vous savez le mieux faire ? » Un point pour Atkinson. De toutes façons, Percy savait très bien qu'il ne gagnerait pas la bataille face à une langue de vipère telle que Jef. Cependant, il tenta de répliquer un discret : « Tu m'as l'air de t'y connaître, dis moi. »

Percy regarda le jeune homme d'un air dépité tandis que celui-ci levait la main sans que personne ne vienne frapper dedans. Il avait l'air si stupide avec ses airs de roi du monde que Percy en avait presque envie de dégobiller. D'ailleurs, il se demanda un instant comment il pouvait trouver attirant ce gars si exécrable. Il n'avait rien de plus, à part que pourrir les années université de Breckenridge semblait être son but ultime. Il était plutôt mignon, il fallait l'avouer, avec ses cheveux en bataille et ses yeux noisettes malicieux. Mais Percy ne se comprenait pas. Comment pouvait-il être attiré par un gars qui s'amusait à l'humilier ? C'était tout bonnement impossible. A la limite du masochisme. Percy put voir Jef s'avancer un peu vers lui avec un air sur le visage qui ne lui disait rien de bon : « Ah ouais ? Comme c'est dommage...Je pensais que nous deux, ce soir...On pourrait tu vois... » Percy reculait mais Jef continuait de s'approcher dangereusement. Les joues de Breckenridge prirent feu, de gêne et d'énervement. Pour qui il se prenait pour jouer ainsi avec les gens ? Jef se recula à nouveau, ricanant au passage d'un air stupide, puis revint à la charge en le poussant d'une façon très violente en arrière : « Mais j'oublie à chaque fois, je suis pas gay moi ! » Percy manqua de tomber, fut rattrapé de justesse par une blonde qui ne voulait pas qu'il s'écrase sur elle. Quelle bonté. Il se redressa comme il put, fixant d'un air mauvais son ennemi de toujours. Ainsi, Percy ressemblait à un petit chien nerveux qui attaque un labrador. Sauf que Jef n'avait rien d'un labrador. Il était plus du genre pitbull. Atkinson ne le laissa pas répliquer, il s'en alla sous les rires, pour aller on ne sait où. Bien, il pouvait être fier de lui, il avait réussi à rappeler à Percy à quel point il pouvait être horriblement méchant. Percy resta quelques longues secondes face aux rires des amis de Jef. Puis, il baissa la voix, comme s'il allait faire une confidence et leur fit remarquer : « Je pense que votre ami refoule sa véritable sexualité. Rappelez-vous sur quoi il m'attaque à chaque fois. Mon orientation. Je pense qu'il a un sérieux problème avec ça. » Ouh, c'est pas gentil ça, Breckenridge, de semer le doute dans l'esprit des amis de son ennemi. Pas gentil, certes, mais totalement légitime.

Bien décidé à se débarrasser de son tee-shirt tout sali, le jeune homme entra dans une première chambre où il dérangea un couple en plein acte. Il bredouilla un léger « Pardon... » alors que les deux jeunes gens crièrent en coeur : « Pervers ! » Percy sortit rapidement et tenta une deuxième chambre, vide cette fois-ci. Il fouilla dans les placards et trouva enfin quelque chose qui ressemblait à un tee-shirt d'homme. Pour ne pas se faire prendre, il sortit rapidement de la chambre et se dirigea à la recherche d'une salle de bain pour se changer. Il entra dans la première pièce qu'il trouva. C'était bien une salle de bain. Mais à l'intérieur, Jef en boxer qui tentait d'enlever la tâche sur son jean dans le lavabo. Là, c'était même pas une étrange situation. C'était la situation la plus gênante qu'il avait été donné de vivre à Percy. Le jeune homme manqua d'ailleurs de faire demi-tour, mais prit son courage à deux mains et referma la porte derrière lui. Percy se contrôla pour ne pas lancer un seul regard à Jef qui s'était arrêté de nettoyer son pantalon pour le regarder d'un drôle d'air. Percy tenta de paraître le plus normal possible, enleva rapidement son tee-shirt plein de faux sang. Au moins, Breckenridge n'avait pas à complexer sur son anatomie. Il était certes petit, mais il n'était pas si mal foutu que ça. Jef ne disait toujours rien, alors Percy s'empressa de remettre le tee-shirt qu'il avait volé. Ensuite, il se tourna vers Jef, qui semblait un peu moins à l'aise qu'avec tous ses amis pour le protéger. D'une voix calme et d'un air détaché, Breckenridge demanda : « Un problème ? » Percy ou l'art de faire comme si cinq minutes auparavant, ce terrible Jef ne l'humiliait pas devant tout le monde.

L'étudiant n'avait plus rien à faire dans cette salle de bain à part se regarder dans le miroir, et faire face à ce qu'il venait de dire, comme ce qu'il venait de faire. Il se pencha au dessus du lavabo. Les mains s'accrochant à ce bout de faïence, pourquoi cela lui faisait aussi peur ? Dans son rêve, tous ses problèmes liés à sa sexualité avenir étaient d'après ce psy – qu'il avait dû imaginer – partaient tous de sa vie étudiante actuelle. Peut-être que c'était son subconscient qui essayait de lui dire quelque chose ? Mais, alors pourquoi ne s'être jamais posé des questions avant ? C'est vrai il était heureux, il y a encore un an, et voilà qu'il se retrouvait à accuser Percy d'un sexualité...Mais c'était peut être lui qui était gay après tout ? Non ! Il aimait les filles, leurs corps, leurs parfums et leurs grâces. Tout cela, il ne pouvait le nier et à ce jour il n'avait jamais eu aucun problème à mettre au garde à vous, Joseph Junior.

Sauf, ses dernières semaines, avec la belle Amanda S par exemple, l'ingénieur s'était retrouvé comme un idiot sur le bord du lit avec le drap cachant ce qu'il avait à cacher. «  Je suis désolé, c'est la première fois que cela m'arrive. ». Amanda secoua ses longs cheveux auburn et posa un délicat baiser sur son épaule, tout en se collant au jeune homme. «  C'est pas grave, cela se voit que tu as des trucs en tête ! » , Joseph se tourna, contractant son visage. «  Ah ouais ? J'essaye de prendre sur moi mais il y a pas mal de choses là dedans effectivement ! ». Amanda se leva et se dirigea vers la salle de bain en tenue d'Eve. «  Tu sais parfois, il faut aussi savoir faire ressortir les choses... ». Oui, mais cela ce n'était pas possible. De retour dans cette salle de bain, le garçon aux cheveux en bataille secoua sa tête, et pencha son regard vers son pantalon. Peut-être s'en occuper et quitter cette fête, maintenant, il n'avait plus envie de s'amuser. Trop de questions, au point qu'il avait l'impression que sa tête allait exploser.

Il retira son pantalon, se retrouvant en boxer, il n'était pas pudique pour un sou et ce n'était pas comme s'il était à poil. Si quelqu'un rentrait, il pourrait tout à fait s'expliquer sur son accoutrement. Jef balança son jeans dans le lavabo et ouvrit le robinet, puis ajouta du savon. Il n'arrivait à rien avec ses mains, sauf à incruster encore plus profond ce faux sang. L'étudiant soupira alors qu'il entendit quelqu'un rentrer à son tour dans la salle de bain. Il leva les yeux pour voir le reflet de Percy apparaître dans le miroir face à lui. Son estomac remonta d'un coup dans sa gorge, et le jeune homme retourna à son pantalon un court instant. Mais qu'est-ce qu'il faisait là ? Sa première idée fut que Breckenridge était là pour lui en mettre une.

Non, d'après ce qu'il pouvait voir c'était plus pour changer son tee-shirt. Il remonta sa tête, la bouche à demi-ouverte. C'était la première fois qu'il voyait Percy torse nu, et il avala d'un trait sa bile coincé dans sa gorge. Un peu jaloux c'est vrai d'abord, il avait beau être plus grand, Percy avait plus la carrure d'un homme. Lui, restait dans le gabarit petite patineuse artistique chinoise qui n'aurait pas eu son bol de riz. Il ne détachait pas son regard noisette des courbes masculines, de ce torse, et des quelques poils qui en sortaient. Non, il fallait qu'il arrête de le fixer comme cela, c'était vraiment très gay...Heureusement que son camarade arrêta ce calvaire en enfilant un nouveau haut, la magie fut comme rompus et Jef retourna à son pantalon. Cette fois il ne le regardait plus ses beaux yeux bleus et ses petits bouclettes rebelles, trop concentré sur ce savon qu'Atkinson essayait de faire pénétrer. La voix de son camarade souffla derrière lui : « Un problème ? »

Sans violence contre Percy, il lâcha son jeans dans le fond du lavabo. L'étudiant leva les yeux au plafond : «  Oui, c'est clair ! » , trop de choses en tête et en plus il se retrouvait face à la personne qu'il ne voulait que fuir à présent. Mais pourquoi il ne sortait pas alors ? Il croisa enfin le regard de son voisin qui se concentrait sur son pantalon. Joseph pointa un doigt vers son jeans : «  Ah ? Tu parles de cela ? C'est rien ! Ce n'est qu'un jeans, je sais pas pourquoi je m'acharne comme cela... », dit-il très simplement. C'est lui où il venait de lancer une conversation sans piques et sans heurtes ? Jef alla s'asseoir sur le rebord de la baignoire sur le côté, pour se retrouver de trois quart devant son camarade. Il posa une main sur son boxer et son autre remonta le long de sa nuque. C'était peut être le moment de s'excuser ? Il baissa la tête et commença à se passer une main qui se perdit dans ses cheveux : «  Pour tout à l'heure...J'ai été un peu un gros con...Désolé ! », et bien c'était pas si difficile que cela, même sans attendre une réponse de Percy, il se sentait déjà mieux : «  Tu as peut être raison, c'est peut être moi qui ai un problème ? » en réponse à ce que Percy avait dit sur lui. Mais aussi suivre les conseils d'Amanda et d'enfin relâcher certaines choses.

Voilà que Joseph s'était posé sur le coin de la baignoire, sans sortir les armes face à Percy qui n'était pas loin. Loin de lui l'idée d'attaquer son camarade, mais plutôt trouver le courage de s'excuser comme il aurait dû le faire avant de l'attaquer verbalement. S'il n'avait pas fait ce rêve, jamais il n'aurait trouvé la force de se calmer. Il aurait envoyé bouler l'étudiant et il aurait pu être violent. Car Jef pouvait l'être parfois, le garçon prenait beaucoup sur lui et cela sortait de lui comme le crue d'une rivière. Oui, c'était surement ni le lieu, ni l'endroit, mais le fait d'être pas vraiment habillé symbolisait bien pour lui le moment d'enfin mettre son cœur à nu. En tout cas, une partie, car il pouvait uniquement montrer que quelque chose ne tournait pas rond chez lui. Le pourquoi ? Rien que d'avouer que c'était peut être le fait de Breckenridge, qu'il le perturbait tout ce qu'il était et tout ce qu'il avait connu, tout cela le tétanisait complétement. Pourtant, il trouva la force de lâcher ce maigre : Désolé ! La sensation à l'intérieur était du coup plutôt plaisant, surtout que son camarade ne rajouta rien pour l'enfoncer. C'était vraiment tout nouveau pour lui de reconnaître qu'il avait eu tord et qu'il s'excusait. Dans son rêve, il était bien loin de ce genre de personnage, mais dans l'espace confiné de cette salle de bain, peut-être qu'il voulait en faire ressortir quelque chose de nouveau ?

Le regard un peu fuyant, il essayait quand même de capter les réactions du garçon face à lui. D'après, ce qu'il pouvait faire, il était surprit, et surement il devait se demander si c'était pas une de ses blagues. Alors, comment installer un climat de confiance ? Surement, en essayant d'être franc, et c'est ce que l'ingénieur voulait, se débarrasser en prononçant ses mots pourtant si simples : « Tu as peut être raison, c'est peut être moi qui ai un problème ? » . Car comme disais son psy, reconnaître qu'on avait un problème, c'était le premier pas vers la solution. Mais pourquoi il pensait à ça ? Ce psy ne faisait partit que d'un rêve complétement idiot, venir du futur, cela serait complétement exubérant...Le jeune homme aux cheveux en bataille se concentra sur Breckenridge et ses mouvements et un peu sur la défensive face à son approche, il fut soulagé qu'il se laisse glisser contre la porte. Il le regarda aussi pendant de longues secondes sans rien dire, se grattant l'épaule sans savoir quoi dire. Il se mordit la lèvre inférieur en voyant les lèvres de Percy bouger : .« Je pense en effet que tu as un problème. » . Cette phrase fit sourire Atkinson car c'était clair et tout à fait bien résumé, une évidence mais cela lui remontait le moral. Oui, car elle annonçait une chose qu'il voulait plus que tout à ce moment précis. Dialoguer. Il voulait ajouter quelque chose mais son camarade sembla être plus rapide que lui :« Et si tu oses dire que JE suis ton problème, sache déjà que je t'emmerde. »

Il porta son index au bord de sa bouche et commença à mordiller avec frénésie son ongle avant de lâcher : «  Tu aimerais, hein ? Tu pourrais faire ton intéressant ! », dit-il en plaisantant. Il lança même sa jambe pour donner un semblant de coup avec son pieds contre la jambe de son voisin. C'est à ce moment que son regard changea, et il le sentit jusqu'au fond de ses entrailles. Il commença à regarder Percy autrement, à la fois c'était un regard doux et bienveillant. Pourquoi il ne l'avait jamais regardé comme cela ? Le garçon ne le savait pas mais c'était agréable. Il n'avait ni peur, ni sentiment coupable, juste se rendre compte qu'ils pouvaient tout à fait se parler normalement. Continuant de mordiller son ongle, son cerveau commença à rationaliser, se rendant compte qu'il n'avait jamais vraiment discuter avec Breckenridge : «  Cela me fait bizarre quand se parle comme cela...je suis pas habitué...Pas toi ? », termina t-il en relâchant son index. Il ébouriffa les cheveux, lui laissant ainsi le temps de se répondre. Car maintenant il avait un autre problème, comment lui dire les choses ? Il pouvait clairement pas lui dire ce qu'il ressentait vraiment. Mais, il pourrait peut-être l'aider ? Le visage de Joseph se ferma et il porta l'index de son autre main à sa bouche et recommença son petit jeu. Allez ! Il fallait qu'il se lance :  « Non, le problème vient de moi, je me pose pas mal de questions... ». Il prit une grande inspiration, baissa ses mains pour cacher un peu son accoutrement : « Tu trouves que je fais gay ? Je veux dire comment on sait si on l'est ? », demanda t-il, se doutant qu'un garçon en boxer dans une salle de bain c'était loin d'être ordinaire. Mais il ne savait vraiment pas comment aborder la question de sa sexualité, n'arrivant encore pas à bien différencier la ligne entre gay et bisexuel, ce qu'il était plus que gay c'était certain.

« Tu aimerais, hein ? Tu pourrais faire ton intéressant ! » , mais qu'est ce qui se passait ici ? Le temps c'était arrêté dans cette salle de bain, mais pour combien de temps ? Ils discutaient normalement, Joseph et son voisin en venaient à plaisanter. C'était une vraie révolution, mais qu'est ce qui allait se passer quand quelqu'un viendrait briser cet échange si touchant ? Car c'était encore même surprenant que personne ne soit venue les déranger pour se soulager, pour fumer en toute discrétion où pour terminer un ébat débuté au milieu de la fête. Le temps était compté, cela Atkinson le savait, et c'est peut-être pour cela qui se laissait aller ainsi ! Après tout, est-ce qu'ils auront une autre occasion comme celle-là ? En regardant Percy, l'étudiant savait que cela ne tenait qu'à lui de transformer l''essai.

«  Peut-être que j'aimerais, effectivement ! » , Jef s'accrocha à la moue de son camarade, et sourit de son côté avec plus d'intensité. Il se passait quoi en lui ? Il ne se reconnaissait pas, il semblait agir comme il l'aurait fait avec une jeune fille qui lui plaisait. Un sentiment étrange rampa au fond de son ventre, il devait le reconnaître, Breckenridge lui plaisait. Le garçon luttait de tout son être contre cette sensation mais plus il le regardait, plus il avait l'impression de fondre. Tout ce qu'il était, ses défenses, son caractère emporté, son côté tallion et chieur, tout cela s'effaçaient. C'était bizarre et il ouvrit la bouche pour en parler à son camarade : « Cela me fait bizarre quand on se parle comme cela...je suis pas habitué...Pas toi ? » Non, il ne plaisantait plus, c'était sur le ton de la confidence qu'il avait parlé, et il n'en attendait pas moins de Percy : « C'est le moins que l'on puisse dire. » , Joseph se fraya un chemin dans ses cheveux avec plus d'intensité. Il se sentait mal à l'aise c'était certain. « Je ne suis pas vraiment habitué non plus. » , il répondit au sourire offert, et sans se parler, ils se comprirent. Non, l'ingénieur ne souhaitait pas repartir sur une guerre infantile aussi. Maintenant, est-ce qu'il arriverait à tenir en dehors de cette bulle étrange qu'ils avaient crées ? Atkinson arrivera t-il à changer et ne pas se laisser dominer par ses démons ? Il réfléchissait maintenant car tout avait été de sa faute. Peut-être s'il arriverait à s'ouvrir à son camarade ?

« Non, le problème vient de moi, je me pose pas mal de questions... » Il regarda tout autour de lui pour se donner du courage, et voir Percy le regarder sans gêne ne l'aidait pas trop. Mais il savait qu'il devait se lancer, car à qui pourrait-il parler, sinon ? Pas à Romuald, ni à ses potes, il deviendrait la nouvelle raillerie du campus. Pourtant, dans cette salle de bain, Joseph se sentait en sécurité et prêt à parler même s'il avait l'impression que son cœur allait lâcher : « Tu trouves que je fais gay ? Je veux dire comment on sait si on l'est ? » , mais qu'est ce qu'il venait de lui demander ? Le garçon ne savait plus où se mettre et pendant un instant il plaça sa tête entre ses mains. Oui, il avait honte, car comment Breckenridge pourrait avoir les réponses à ses questions ? C'était complétement idiot de sa part. Il agita ses pieds sur le sol de la salle de bain en attendant un mot de son voisin : « Je ne pense pas être la personne la mieux placée pour te répondre. » , alors que Percy baissait la tête, Atkinson remonta la sienne et se débarrassa de ses mains devant son visage : « Je sais... », puis il soupira avant de reprendre : «  J'ai pas dit cela car je pense que tu es gay, je te rassure. Je pense qu'il fallait juste que cela sorte de mon côté...désolé ! » Ce qui était tout à fait vraie.

Il fallait qu'il se lève, sentant comme son corps sur le point d'exploser ou de partir sur orbite. Jef se leva dans un bond assez surprenant et fit un pas avant d'entendre son camarade lui répondre : « Tu ne fais pas gay. D'ailleurs, je suis convaincu que tu n'es pas gay... » Il s'approcha du lavabo où il avait laissé son pantalon qui avait clairement pas terminé de sécher. L'ingénieur se pencha au dessus du lavabo et fixa son jeans, le regard vide car il avait des sentiments contraires qui le tiraillaient de part en part : «  Peut-être...Il faudrait déjà que j'arrive à définir ce qui est gay ou non, n'ayant même pas embrassé un garçon dans ma vie, ou autre chose ! » Il attrapa d'une main son jeans et l'essora, décidant que trainer en boxer dans une salle de bain de fête universitaire ne le mènerait nulle part : « Si ça peut te rassurer... Je... Je pense que tu serais plus bisexuel. » Joseph tourna enfin sa tête vers Percy et le regarda avec sympathie, c'était gentil tout ce qu'il disait, car sans vraiment sans rendre compte, il lui avait remonté le moral, et surtout il l'avait écouté. Il le remercia par un franc sourire et se tourna pour faire face à son camarade. L'ingénieur commença à enfiler une jambe dans son jeans, tache plutôt difficile surtout avec un vêtement mouillé. Il profita de ce temps pour lui répondre : «  Oui ! Je pense que c'est plus probable ! En tout cas cela me fait moins peur comme idée...Il faut plus que j'aille me trainer dans une boite ou un bar pour tester tout cela...Je te remercie ! », commença t-il en enfila sa deuxième jambe. «  Je te remercie de m'avoir écouté... »

Mais alors que le moment aurait dû être émouvant( peut-être ?), dans sa position actuelle, en complète équilibre et n'arrivant pas enfiler son pantalon mouillé, l'étudiant pencha dangereusement sur le côté. Il tomba comme une souche sur le côté, heureusement pas sur Percy face à lui, un grand boum, mais au lieu de se plaindre de la douleur. Joseph se tortilla pour se mettre sur le dos, et il se mit à rire à pleine voix : «  Quand je pense qu'ont se parlaient même pas il y a cinq minutes ! Et, voilà je suis entrain de raconter toute ma vie sexuelle misérable ! » C'était peut être les nerfs, mais il se lâcha complétement. Cela faisait du bien de rire. Il continua quelques secondes n'osant pas jeter un regard à son voisin, puis s'arrêta pour observer le plafond . C'était vraiment le soir le plus étrange de sa vie.

C'est vrai qu'enfiler un pantalon mouillé n'était pas une très bonne idée, Atkinson le savait mais les bruits derrière la porte l'inquiétait. Il sentait que le moment étrange et magique qu'il vivait avec le jeune Percy risquait de disparaître d'une minute à l'autre. Bientôt quelqu'un viendrait frapper cette porte et boum ils devront sortir. Et, l'ingénieur n'avait pas envie d'être surpris et surtout il préférait être préparé. Donc il enfila une première jambe continuant de se confier, prononçant des paroles qu'il n'aurait jamais prononcé dans un autre endroit, et surtout avec quelqu'un d'autre. Est-ce que c'était l'effet Breckenridgien ? Car son camarade l'avait écouté, l'avait en quelque sorte conseillé, et plus rien ne semblait lui faire peur, en tous cas quand il s'agissait de paroles : « Peut-être...Il faudrait déjà que j'arrive à définir ce qui est gay ou non, n'ayant même pas embrassé un garçon dans ma vie, ou autre chose ! » Il regarda Percy ramener ses jambes contre lui et se faire plus pensif. Est-ce qu'il avait quelque chose à l'avouer ? Cela aurait été bien et il se serrait sentit moins idiot, mais il demandait peut-être beaucoup ? Alors quand le garçon face à lui ouvrit la bouche, Joseph resta immobile en entendant : « Tu sais, ça viendra sûrement quand tu t'y attendras le moins. Je dois t'avouer que quand mon meilleur ami du lycée m'a embrassé, je m'y attendais vraiment pas. » Et, ce qu'il avait présagé arriva, il se sentit moins idiot devant cette confidence. Même un peu jaloux, lui en ce moment aurait rêvé de savoir ce que cela faisait d'embrasser une personne du même sexe. Non, il n'en prendrait aucun plaisir, en tout cas c'est ce qu'il pensait, juste embrasser n'importe qui pour enfin voir si c'était aussi doux et agréable que les lèvres d'une fille, où il aurait voulu aller vomir toutes ses tripes.

« Je te remercie de m'avoir écouté... » Jef tenait absolument à le remercier, même si ce soir dans cette salle de bain, il ne se reconnaissait plus. D'abord, il s'était excusé et là il le remerciait, comment redevenir le petit merdeux qu'il était après cela ? Mais est-ce qu'il avait envie de le redevenir ? Après tout, c'était peut être le début d'une amitié, ou de quelque chose qui pourrait y ressembler. Il aurait tout à construire mais tout est possible et il pourrait faire taire ce rêve stupide. Mais à peine, il termina sa phrase qu'il se retrouva parterre, il s'était écroulé à côté de Percy. Devant ses mésaventures, il lui poussa une envie de rire et il se lâcha avant de dire : « Quand je pense qu'ont se parlaient même pas il y a cinq minutes ! Et, voilà je suis entrain de raconter toute ma vie sexuelle misérable ! » Le garçon tourna la tête vers Percy, essayant de retrouver son sérieux. Il remarqua que ses doigts touchaient presque les pieds de son voisin, juste l'idée de l'effleurer même si Breckenridge ne l'aurait pas sentit, l'amusa. Puis juste après cette pensée, il se fit violence en se mordant la lèvre inférieure. Son camarade semblait à la fois consterné et amusé et lui lança : « Laisse-moi rire ! S'il y a bien une personne dans cette salle de bain qui a une vie sexuelle misérable, c'est moi. » Il le regarda avancer sa main et taper son épaule, non tout cela ne le gêna pas et le pinça au niveau de sa cheville en réponse à son attaque, tout en jouant des sourcils. C'était un moment agréable, alors qu'il continuait de regardait son camarade. Il le fixait maintenant, sans vraiment se rendre compte que cela pourrait gêner. Mais tout cela s'arrêta pour lui quand Percy prit la parole : « Tu ferais mieux de te bouger, je suis sûr que le roi de la fête est attendu par toutes les donzelles en chaleur. » Joseph secoua ses esprits et détourna son regard pour regarder de l'autre côté. Il se rendit compte que pour son cerveau torturé, il n'avait rien à faire ici, dans une salle de bain avec un autre garçon alors que des filles ivres seraient plus que consentantes à lui faire une petite gâterie. Pourquoi perdre son temps ici, hein ? Pensa t-il tout bas, puis il termina par dire sans vraiment y croire : «  Tu as raison, un petit coup rapide cela me remettra les idées en place ! »

Dans cette position, remonter son pantalon fut plus facile, et déjà il pensait pas porter ce pantalon lors de la fête. Là, il allait droit à sa chambre pour se changer, et surement prendre une longue douche froide pour lui remettre les idées en place. Il remonta complétement son pantalon, ferma les boutons sans rien ajouter de plus. Voilà ! Il se releva, le dos encore douloureux de sa chute, et se massa légèrement les épaules alors que son camarade ajouta : « Et puis ça pourrait paraître suspect... Toi, moi, enfermés dans cette salle de bain. » Il lui sourit car il imaginait déjà raconter sa rencontre avec Breckenridge, ses potes n'y croiraient pas c'est sur. Peut-être que des filles qui les verront sortir tout à l'heure raconteront des choses ? Est-ce qu'il en avait peur ? Non ! Car ils n'avaient rien fait de mal. Même cette discussion était de loin la plus agréable entre eux, et Atkinson savait une chose, il aimerait pas que celle-ci se termine, pourtant quelqu'un frappa avec force à la porte. L'ingénieur se planta devant Percy pour lui proposer sa main pour l'aider à se relever, et ajouta : « T'inquiète ! Je pense qu'ils sont déjà trop bourrés ! Bah, sauf si tu commences à pousser des cries de plaisir...Là ! Ils se poseront des questions c'est sur ! » Il avait présenter cela sur le ton de la plaisanterie. Cependant, son visage se brouilla se retrouvant maintenant au plus près de son camarade. Cet échange devait se terminer car la personne derrière la porte commençait à s'impatienter : «  Bon, peut être ouvrir cette porte ! » Il s'avança pour passer une main derrière le garçon aux cheveux bouclés, s'approchant ainsi au plus près de lui. Le jeune homme aurait pu tout à fait l'embrasser dans cette configuration, mais c'était trop tôt, trop compliqué pour lui. Joseph déverrouilla alors juste la porte.

Ils n'attendirent pas longtemps pour se faire envahir, l'inconnu tira la porte et la bulle se brisa (en tout cas pour Atkinson), un homme balèze entra en trombe pour se jeter sur la cuvette des WC pour y vomir. Jef afficha une mime de dégout et profita pour sortir de la salle de bain sans même adresser un regard à Percy. Une main dans les cheveux, se grattant avec intensité, et fit quelques pas vers la fête. Non ! Cela pouvait pas se terminer comme cela ! Il fit presque aussitôt marche arrière pour attraper Breckenridge à sa sortie de la salle de bain. Sans vraiment lui demander son avis, il l'attrapa par le bras et le traina de force vers les profondeurs de la maison. Le garçon prit le premier croisement qui se présenta, personne autour d'eux c'était parfait et il relâcha son emprise. Puis il termina par demander : « Je voulais te demander...C'était cool la discussion là bas ! Cela te dirait de la continuer un jour ? Moi je pense que je vais rentrer pour me changer mais cela serait cool de la continuer cette conversation, non ? » Peut-être qu'ils pourraient devenir pote au final ?

Breckenridge était si étonné par la situation qu'il était entrain de vivre. C'était irréel, à la limite du fantasme. Lorsqu'il croisa le regard noisette d'Atkinson, Percy ne put se demander si lui aussi n'avait pas eu la chance de pouvoir revenir dans le passé. Mais la règle d'or était de n'aborder ce sujet avec personne. Alors Percy ravala cette idée qui venait de le traverser durant quelques secondes. En tout cas, le processus de paix semblait bien lancé entre les deux jeunes gens, ce qui mettait du baume au coeur de Percy. Il se sentait plus léger, plus en sécurité maintenant. Comme si le fait qu'Atkinson se pose enfin des questions sur sa sexualité lui permettait d'aborder plus sereinement la sienne. Car il faut le dire, les mots que Percy avait prononcé, avouant même avoir déjà échangé un baiser avec un homme, cela relevait du miracle. Jef ne s'en rendait sûrement pas compte, mais il venait d'assister à l'écroulement de la carapace de Percy. Et c'était sans doute en grande partie grâce à Atkinson. En arrivant à cette soirée, Percy n'aurait jamais cru qu'il parlerait avec quelqu'un de son orientation sexuelle et surtout pas avec Joseph. Mais l'imprévisible avait du bon et ce qu'ils venaient de partager ensemble valait énormément aux yeux de Breckenridge. Il n'aurait pas dit que sa vie avait changé, car il savait pertinemment que lorsqu'il sortirait de cette salle demain, il serait de nouveau Percy le geek. Mais une chose était sûre : leur vision des choses à tous les deux était entrain de changer.

« Tu as raison, un petit coup rapide cela me remettra les idées en place ! » En entendant ces paroles, Percy eut un léger rictus. Les petits coups rapides, il ne connaissait pas. Il ne connaissait pas grand chose d'ailleurs. Son innocence et son peu d'expériences au niveau des relations horizontales le rendait touchant aux yeux des filles et le faisait passer pour le plus gros boulet auprès des garçons de la fac. Breckenridge ne fit donc aucune réflexion, il se contenta de regarder Jef remonter son pantalon, tout en se mordant l'intérieur de la bouche de façon inconsciente. Maintenant qu'Atkinson daignait lui parler normalement, Percy se rendait compte que son attirance envers lui n'en était que décuplée. Jef n'avait encore jamais connu le plaisir d'embrasser un homme et Percy rêvait d'être le premier à pouvoir partager ce moment avec lui. C'était sans doute malsain, vu comment Jef se posait encore des questions sur son identité. Mais Percy ne pouvait s'en empêchait. Son esprit vagabondait aussi vite que ses yeux sur le corps de Jef. Celui-ci se releva et tandis une main à Percy tandis que l'on frappait à la porte. Breckenridge ne se fit pas prier pour attraper la main de son nouvel "ami" et tenta de faire taire la fanfare de fête nationale qui battait au coeur de ses entrailles. « T'inquiète ! Je pense qu'ils sont déjà trop bourrés ! Bah, sauf si tu commences à pousser des cries de plaisir...Là ! Ils se poseront des questions c'est sur ! » Un instant, Percy imagina la scène et il ne put s'empêcher de se mettre à rire, sans doute de manière assez gênée car il ne se sentait pas très à l'aise à être aussi proche d'Atkinson. La fanfare battait son plein, à lui en faire mal à la tête et il valait mieux que cette douce torture s'arrête s'il ne voulait pas commettre quelque chose qu'il regretterait. Oui, Percy peut paraître coincé et prude, et pourtant, à voir Jef si proche de lui, des idées des plus cocasses lui traversaient l'esprit. Percy se concentra pour ne pas trop fixer les lèvres du jeune homme face à lui : « Bon, peut être ouvrir cette porte ! » Le souffle coupé, Percy ne pouvait rien dire, rien répondre, ou du moins rien répondre de normal. Alors, il se contenta de hocher la tête en signe d'approbation tandis qu'il sentait Atkinson encore plus proche de lui. Il aurait voulu que le temps s'arrête et qu'enfin, il ose faire quelque chose. Mais c'était précipité. Pour l'un comme pour l'autre. Il leur fallait du temps.

Un gros balourd baraqué fit son entrée dans la salle de bain pour vomir le trop plein de sangria qu'il avait ingurgité. Percy souffla légèrement, jetant un dernier regard à Jef qui s'éloignait déjà. La soirée était finie. Ce doux moment partagé se terminait là alors qu'Atkinson partait déjà sans un regard pour lui. Pendant plusieurs secondes, Breckenridge resta là, planté à l'entrée dans la salle de bain, tentant de comprendre qu'il était en quelques sortes revenu à la réalité. Le choc était assez difficile, surtout avec les bruits de vomissements derrière lui. Atkinson était parti rapidement et un instant, Percy se demanda si son comportement changerait vraiment. Il allait prendre le chemin pour rentrer chez lui. Pour se ressourcer, prendre le temps de réfléchir. Sans doute se doucher aussi, une douche bien froide lui ferait le plus grand bien. Il voulait surtout être seul, loin des rires de la fête qui battait son plein. Mais une main lui agrippa le bras et il eut le temps d'apercevoir Atkinson, tandis que celui-ci le traînait jusqu'à une chambre vide. Percy le regarda avec incompréhension et pourtant... Percy lisait dans le regard de Jef et ce que ce dernier lui sortit ne l'étonna pas le moins du monde : « Je voulais te demander...C'était cool la discussion là bas ! Cela te dirait de la continuer un jour ? Moi je pense que je vais rentrer pour me changer mais cela serait cool de la continuer cette conversation, non ? » Percy n'avait même pas entendu la fin des paroles de Jef pour hocher la tête. Il était si content qu'un sourire se dessina sur ses lèvres et qu'il ajouta simplement : « Avec plaisir. » Jef répondit à son sourire et tourna à nouveau les talons. Cette fois, c'est un peu plus serein que Percy le regarda s'éloigner. Un instant, le jeune homme pensa qu'il était entrain de changer sa destinée. C'était stupide, sans doute, mais Percy adorait avoir cette sensation de ne pas savoir ce que leur avenir allait leur réserver.

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